1. |
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2. |
sixtine
04:59
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Partout le reflet de nous
Renvoyé à l’infini
Elle se cognait contre ses miroirs
Elle se cognait contre ses écrans
Le monde dans lequel tu évolues
Ne serait que l’écho de tes fantasmes
Partout des visages lisses
Tellement lisses que rien ne semble les toucher
Tout glisse, protégés par des couches de fond de teint bon marché
Le monstre que nous tentons vainement de cacher
A brisé les miroirs de nos labyrinthes intérieurs
Aie le courage de vivre
Aie le courage d’aimer
Aie le courage de te dévoiler
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3. |
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J’ai de nouveau fait ce rêve éveillé où nos corps comme des serpents éléphants tentaient vainement de ramper sur un sol de forêt.
Mais le serpent ne glisse pas très bien quand il a un poids d’éléphant.
Mais le serpent ne peut pas rester bien discret quand il a un volume d’éléphant
Mais le serpent ne peut pas oublier toutes les humiliations quand il a une mémoire d’éléphant.
Et si le serpent était cet éléphant oublié mutilé à qui l’on a dérobé son sol de savane.
Nous cherchons tous des danses primitives, intemporelles.
Nous sommes tout en source , tout en chute.
Du jus de jungle entre les jambes, nous jouissons d’en bas.
D’en bas !
Dans notre compost, dans notre terre, dans notre eros carbonifère
Nous portons les forêts fortes et les terres et les cendres
Les mers et les mangues et les morts.
Nous sommes tout en source, tout en chute.
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4. |
la femme qui se donne
03:11
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La femme qui se donne
Refrain :
Chaque jour j’attends
Chaque nuit j’m’étends
Sur le flot des hommes
Je suis la femme qui se donne
Vos vies flouées nous les éclaircirons
Vos vies volées nous les vivrons
Vos vies masquées nous les jouerons
Vos vies ratées nous les rattraperons
Vous renaîtrez dans tous mes bras
Vous les morts-nés
Vous les sans droits
J’fais du social à ma façon
Je m’donne à tous ces petits garçons
Qui sont passés sous l’compresseur
J’donne mon relief, c’est d’l’illusion
Je s’rai votre mère et votre sœur
Votre SDF, votre alluvion
Refrain
Mary Poppins pour les paumés
Un peu de sucre alcoolisé
Et vous volerez sur les plafonds
Loin de tous vos puits sans fond
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5. |
totem
04:37
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Totem
Alors que les petites filles modèles sont parties faire de l’humanitaire au soleil
Alors que les familles modèles établissent un plan de vacances utiles et culturelles
Alors que les étudiants modèles sont partis une année dans un établissement jumelé
Alors que les entreprises modèles sont parties
Je rêve
Je rêve tout en me gavant de terre
Une terre argileuse, une terre épineuse, une terre limoneuse, une terre sablonneuse, une terre caillouteuse
Je me remplis de terre, plein le ventre, pour m’enraciner
De la terre entre les dents, pour l’aimer de son vivant
De la terre plein le corps, dans les poches, dans les pores
De la peau pleine de graines, et qui germent et qui geignent
Je suis un totem
Planté
Seul
Totem
Je m’enfonce dans les plaines des « je t’aime »
Totem
Totem
Totem
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6. |
mehdi
05:01
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Mehdi
Mehdi, tu regardes ta terre qui s’effrite et qui saigne
Et tu l’écoutes qui te dit
Quitte-moi, quitte-moi
Mais avant mange-moi
Tu regardes la méditerranée
Son bassin énorme, ses hanches généreuses
et son cœur tellement ouvert qu’il laisse répandre son sang imbibant ta terre rouge-brun
Le soleil orchestre la cuisson des hommes
Et moi de l’autre côté je te regarde impassible
Allais-tu les enfourcher ces hanches, te jeter à l’eau pour me rejoindre
Quitte à en mourir
Alors viens viens viens !
Tu espérais peut-être qu’une sirène viendrait t’accueillir
Mais ce ne sont que les sirènes de la police qui t’ont cueilli
Je n’aime pas cette histoire
Je préfère écouter le chant de tes rêves
Mehdi n’oublie pas, ta terre tu l’as mangée elle est en toi, gorgée de miel et de lait
D’épines et de thym
N’oublie pas la peau fine des figues que tu pressais entre tes doigts de prince
N’oublie pas tes pieds tannés par le sol caillasse des chardons ardents
N’oublie pas, tes pieds, ils sont là pour avancer
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7. |
La gagnante
03:37
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La gagnante
Je suis une gagnante
J’ai trois boulots et je continue de me former
Je suis épanouie sexuellement.
J’ai trois enfants que j’élève convenablement, polis au racloir de ma bonne éducation.
Mes filles sont belles, prêtes pour le marché
Mon fils entreprenant, prêt pour le marché
Mes journées comment à 5h du matin, finissent à minuit et je fais même de l’insomnie
Mais je ne suis jamais fatiguée
Les cernes n’existent pas.
Ma peau est toujours lisse
Je suis jeune éternellement
Les rides ça fait vulgaire
Les cheveux blancs, négligé
Je m’épanouis à mon travail, je ne remets jamais en question l’inutilité de ma tâche.
C’est vrai j’ai parfois mauvaise conscience de ne pas être assez bonne, performante, pimpante, intelligente (mais pas trop), captivante, sexuelle, mince (mais pas trop), jeune (mais pas trop), drôle, empathique, disponible.
Mais je me reprends vite, je sais que tout ceci est ma faute, je serai tout ce que l’on attend de moi, je serai tout ce qu’on l’attend de moi.
Mon intérieur est toujours propre et bien rangé. La cuisine embaume d’un bon souper.
Produits choisis amoureusement
Belle présentation, sain, équilibré.
Comme moi !
Belle présentation, sain , équilibré
Comme mes enfants, comme mon mari, comme tout mon entourage
J’adore faire le ménage
Tous ces gestes répétés quotidiennement, comme les mantras de mon cours de yoga, une transe hypnotique
J’ai le sentiment d’exister.
C’est vrai, parfois je brûle mon appartement
C’est vrai, parfois je vide le sang de ma mooncup dans la chambre des enfants, tout en chantant.
Mais je me reprends vite car je suis une gagnante !
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8. |
lucioles
03:38
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Lucioles
J’aspire à plus de sens
J’aspire à plus de sens
Pour toi ma fille, pour toi ma sœur, pour toi ma mère, pour toi mon frère
J’aspire à ce que tu danses
Sur cette terre immense
Que tu puisses y poser
En toute sérénité
Tes pieds
J’ai des rêves de fourmi-baleine
Bosseurs de longue haleine
Des petites lueurs
Que l’on peine à deviner
Sous les lumières criardes
Des grands inquisiteurs
Ces petites lueurs
Autant de lucioles
Sont prêtes à briller
Je protège vos corolles
Mes précieuses alliées
J’aspire à ce que le sol reverdisse
J’aspire à ce que les imaginations s’illuminent
A ce que la poésie rejaillisse
Les esprits s’affutent, s’aiguisent
J’aspire à ce que les savoir-faire se partagent
A ce que la servilité déserte les hommes
J’aspire à plus de sens
J’aspire à plus de sens
Pour toi ma fille, pour toi ma sœur, pour toi ma mère, pour toi mon frère
J’aspire à ce que tu danses
Sur cette terre immense
Que tu puisses y poser
Sans peur de te brûler
Tes pieds
J’aspire à tout déconstruire
Reprendre possession des simples gestes de la vie
Boire, se nourrir
Respirer, se vêtir
Habiter, grandir
Parler, écouter
Semer, s’aimer
Simplement marcher
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9. |
satoris
02:23
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10. |
Ikea
05:44
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IKEA
Jour extérieur
Nuit intérieure
Les écailles continuent de pousser sur la pâleur de ma peau
Amphibienne parachutée dans un monde asceptisé
J’essaie comme je peux de me ranger, mais je ne fais que déranger
Tout ceci avant que je ne comprenne leur clé
Où que tu ailles, il y aura toujours un accessoire IKEA
Omedelbar, Eftertanke, Micke, Billy
Je me donne toute entière
Au Dieu de l’habitat pas cher
Je me repose enfin dans mon ambiance so zen chic
Atmosphère cerise chimique
Les arbres coupés droits, bien loin d’ici pour mon intérieur naturel
Tout est blanc, asceptisé
Pastels aimantées
Je ne transpire plus
Je m’enfonce dans mon cocon
Écofriendly
Économique
Ecoéthique
Omedelbar, Eftertanke, Micke, Billy
Je me donne toute entière
Au Dieu de l’habitat pas cher
Tout me glisse dessus
Comme une sueur qui ne sent plus
Une odeur qui ne tâche plus
Tout est facile
Je patine sur la grande surface
Sourire béat des étalages sur ma face
Mes étagères gèrent mes états, mes humeurs
IKEA
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11. |
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Les enfants de l’ailleurs
J’apprivoise les accents qui se plantent dans ma tête
Tonalité têtant, leur musique m’entête
Tu m’as tendu la main, toi l’étrange français
Toi qui n’est pas le mien, à personne tu le sais
Tu te donnes à chacun et chacun te redonne
J’y plante mon histoire, mon dialecte de personne
Les enfants de l’ailleurs
Enfants de nulle part
Les enfants de l’ailleurs
Enfants de mille parts
Les enfants des marelles s’décolorent sous la pluie
Comme les langues maternelles, diluées par la vie
Petit coin de mémoire, comme un trésor caché
Un petit bout d’histoire, enfoui comme un secret
Les enfants de l’ailleurs
Enfants de nulle part
Les enfants de l’ailleurs
Enfants de mille parts
Tes brisures de destin, collées comme un écho
De ton propre chemin
Sont ton identité, ton essence, ton parfum
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12. |
la fin du cycle
02:57
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La fin du cycle
C’est la fin
Du cycle
Beaucoup tomberont
Mais qui seront les phenix
Nous volerons
Chenilles blanches
Candélabres
Envahissant les arbres
Nous ferons l’amour
Pendus à la légèreté disparue
C’est la fin
Du cycle
Beaucoup tomberont
Mais qui seront les phenix
Impolis
Impartis
Insolents
Nous goberons les œufs de la reconstruction
Nomades
En cabane
La terre
Nous la mangerons
Pour la garder en nous
Le temps d’une chanson
Et quand la fin tombera
Nous laisserons couler l’humus de notre gorge
Les graines pousseront
Et peupleront
Nos tas de cendres
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13. |
les pas de la somnambule
02:23
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